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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/30

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mon voyage aventureux

vous en achèterez une autre, l’essentiel, c’est d’arriver là-bas !

Là-bas ! L’enthousiasme me prend. Est-ce vraiment une vie supérieure qu’on va chercher là-bas. Je l’espère, puisque j’y vais, mais je n’en suis pas sûre. Les paroles de cette femme me galvanisent. Si vraiment l’idéal est là-bas, qu’importent en effet, les pertes d’argent. La fatigue, les dangers même ne sont rien : je me sens disposée à tout braver pour aller recevoir, à la Rome nouvelle, le baptême révolutionnaire.

La secrétaire des femmes m’a fait un papier et une jeune fille me conduit par les rues de Berlin. Nous pénétrons dans la boutique d’un tailleur : on me fait passer dans une arrière chambre. Un homme d’une quarantaine d’années est là, assis devant une table minuscule en bois blanc. Il donne audience à un jeune homme : sur des chaises une vingtaine de personnes attendent leur tour d’être reçues.

On parle là toutes les langues de l’Europe ; c’est une vraie tour de Babel. Un grand sentiment de la force de la Troisième Internationale remplit mon cœur. Je m’imagine cet homme comme le point d’attache de nombreux fils qui aboutissent à toutes les capitales du monde et transmettent l’incitation révolutionnaire.

C’est mon tour. Le « chef » parle assez bien le français : il m’interroge sur mon passé politique.