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en russie communiste

Je fais un résumé de ma vie de propagandiste et je remets les papiers qui prouvent mon affiliation au Parti. J’inspire confiance, je le sens bien ; il me déclare que j’irai en Russie.

Mais vous devez, ajoute le « chef » vous « laisser photographier » : ce n’est pas difficile, fait-il, vous n’avez qu’à vous asseoir.

Comment donc, mais tant que vous voudrez ; je comprends cette précaution, bonne contre l’espionnage. Comme je ne suis pas une espionne et que je n’ai pas envie de le devenir, elle ne me gêne en rien.

Ne vous inquiétez pas de l’argent, ajoute-il, quand vous en aurez plus, vous m’en demanderez.

Il m’a donné un guide qui me conduit dans un autre bureau où on doit me donner un « billet de logement », chez un camarade, car les hôtels sont dangereux pour moi, paraît-il. Aimable figure, ce guide. Il a dix sept ans et sort du lycée. Son père, me dit-il, l’a « jeté » parce qu’il a pris part aux émeutes de mars. Ce père est socialiste, mais pas communiste. Maintenant le jeune homme vit à son compte : il est employé au Parti. Son admiration pour « le chef » éclate dans tous ses propos ; il ne parle que de lui.

Le bureau où nous allons ne m’impressionne pas aussi bien. Je retrouve là l’indifférence, l’impolitesse même que j’ai tant de fois rencontrée ail-