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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/33

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en russie communiste

Je quitte le lendemain cet hôtel qui ne m’inspire pas confiance et, après beaucoup de recherche coûteuses, car pour ne pas accaparer mon guide je me dirige seule en prenant des fiacres, je finis par trouver pour trente trois marks par jour une chambre assez propre dans un hôtel pensions. Mêmes questions du tenancier et puis, la porte principale est toujours fermée à clef. Quand on veut sortir, il faut sonner ; alors le patron, un grand sec à figure sinistre, arrive avec une énorme clef ; j’ai des frissons dans le dos.

Je circule à peu près librement dans Berlin. Je dis à peu près, car j’ai le malheur d’être femme et l’Allemagne très civilisée à d’autres égards ne semble pas encore habituée à ce qu’une femme voyage seule. J’ai beaucoup de peine à me débrouiller, car je n’ose demander mon chemin aux passants. Je n’ose pas non plus aller voir les musées, il faudrait parler, sortir mon mauvais allemand ; un agent de police pourrait s’approcher et me demander mes papiers.

Je ne me sens à peu près à mon aise que dans les grands magasins de nouveautés ; j’y ai, en outre, l’avantage de trouver un « reiseburo » où on me change sans faire du réflexion mes francs contre des marks. C’est très précieux.

Cependant j’ai voulu acheter des chaussures et, comme on ne comprenait pas mon allemand on m’a dépêché une vendeuse qui parle français, « Ah ! je