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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/32

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mon voyage aventureux

leurs On me fait attendre une grande heure pour me donner les premières adresses venues, sans aucun égard pour ma qualité de docteur que j’ai déclinée à dessein, espérant qu’on me logerait chez des camarades cultivés intellectuellement.

Nous prenons le tramway et arrivons dans un quartier ouvrier. Après avoir grimpé cinq étages nous sommes reçus plus que froidement par un homme qui ne retire même pas sa pipe pour nous parler. Dans un coin de la pièce, une femme confectionne à la machine des uniformes militaires.

Il n’y a pas de chambre, tant mieux ; j’avais déjà peur d’être forcée d’habiter dans un pareil endroit. De nouveau, un tramway, suivi d’un escalier sordide. Cette fois, on ne trouve personne. Je suis brisée de fatigue, il y a plusieurs nuits que je ne me suis pas couchée ; tant pis, je préfère aller à l’hôtel et courir le risque d’être arrêtée.

Mais Berlin est plein de voyageurs : tous les hôtels sont complets. Je finis par en trouver un ; la chambre, l’unique qui reste donne sur une petite cour ; elle empeste l’odeur sui generis des hôtels mal tenus.

Le portier me fait un tas de questions. De quel pays êtes-vous ? Que venez-vous faire à Berlin ? etc. J’ai déjà peur. Je réponds que je suis Mlle Grandchamp, institutrice à Genève et que je viens à Berlin pour acheter des livres de classe.