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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/52

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mon voyage aventureux

Après un nouveau temps de reptation, les conducteurs se lèvent, nous aussi. Sans doute la frontière est passée enfin, et le danger avec elle.

Un des guides me frappe sur l’épaule, du doigt il me montre des lumières dans le lointain et me dit d’un ton presque amical :

« Der züg ! » (le train), puis il ajoute : « Haben sie ein passeport ? » (avez-vous un passeport ?)

Kein passeport !

Kein passeport ? font-ils tous deux, en levant les bras au ciel… Kein passeport !… ah !… ah !… illégal ! — Leur ton est celui du plus grand effroi. Illégal !… Illégal !… répètent-ils. Der tod ! (la mort !)

Je n’y comprends rien du tout. Comment ces gens ont-ils pu penser que nous puissions avoir un passeport ? Si nous en avions eu un, nous aurions pris le train. Ce n’est pas par plaisir que nous avons fait ce passage terrible. Mais je sais trop mal l’allemand pour demander des explications. Les deux guides se concertent et paraissent tout à fait effrayés.

Nous faisons encore environ deux kilomètres et voilà qu’on nous fait entrer dans une maison qui, dans l’obscurité, m’apparait sordide. Une femme arrive en chemise, elle semble s’opposer vivement à notre intrusion.

Je crois d’abord qu’on veut seulement nous faire reposer quelques instants de notre marche exté-