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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/56

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mon voyage aventureux

qui me déconcerte absolument. Comment, mais n’ai-je pas été admise à Berlin ? Si on n’a pas confiance en moi pourquoi m’avoir fait venir jusqu’ici. Le « diplomate » me transperce de son œil noir et dans mon impuissance à m’expliquer à cause de mon ignorance de l’allemand je perds absolument la tête, j’oublie le nom de la ville où je dois prendre le train pour la Russie. « Pourquoi, me dit-il d’un ton agressif, voulez-vous aller en Russie ?

— Mais parce que je suis communiste et désire assister à la réalisation de mes idées. »

Le « diplomate » semble ne pas comprendre ; il ricane méchamment.

Je tire de mon soulier une recommandation en russe que je conservais pour la Russie ; à peine s’il daigne la prendre. Enfin, sur mon insistance il la lit et me déclare qu’elle ne vaut rien parce qu’il manque un cachet.

La maîtresse de la maison est intervenue dans le débat ; elle fait contre moi un réquisitoire terrible. Comme chef d’accusation, j’ai dédaigné son lit, j’ai dit que la maison était sale, je n’ai presque pas mangé. Conclusion je suis une bourgeoise.

Cela prêterait au ridicule, si ce n’était odieux. J’ai abandonné tout amour-propre et je me laisse aller à dire : « Quelle situation terrible ! » — Pas si terrible, dit celui des deux hommes qui parle un peu ma langue, il y a eu ici le front français ;