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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/71

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en russie communiste

positions ne seront plus les mêmes. D’ailleurs, qui sait ce que deviendrait cette petite fille, belle comme Mignon, qui marche nu-pieds, mais n’en a pas moins toutes les convoitises. Comme elle s’accrochait à tous mes bibelots de voyageuse, ma bouteille d’eau de Cologne, mon peigne, mes bas en soie artificielle !

Paris est plein de pièges pour les jeunes filles qui rêvent de belles robes.

Au milieu de la nuit nous faisons halte dans un village. Notre guide nous a d’abord laissés à cinq cents mètres de la dernière maison et il est allé éclairer la route. Il revient, nous le suivons à pas de loup. La lune jette sur les chaumières de bois une lumière tragique. Il y a une rivière que l’on franchit sur une passerelle avec d’infinies précautions. Nous nous coulons dans l’isba ; pas de meubles ; le sol est en terre battue. Une femme s’est levée et a allumé une chandelle. Elle nous demande si nous voulons manger. Je voudrais du thé ; elle n’en a pas, mais elle a du lait, du pain et du beurre. On nous apporte tout cela ; je suis un peu dégoûtée du service, mais les produits sont excellents et ce n’est pas le moment de faire la mijaurée.

On nous a fait passer dans la seconde pièce et j’ai la faveur du lit de fer pour me reposer deux heures. Au-dessous de moi, accrochés au mur, les portraits de Lénine, Trotsky, Liebknecht, Rosa