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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/74

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mon voyage aventureux

percés, il est affaissé sur lui-même, comme un vieillard. Les matelots qui tremblaient devant lui, autrefois, le huent. C’est le peuple russe qui a mis la bourgeoisie à genoux.

En plusieurs langues, la devise du Parti : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». La devise est même en jargon juif : ici, le jargon des israélites a l’importance d’une langue européenne ; des non-juifs le parlent, et dans les rues, les affiches sont écrites en trois langues : le russe, le letton et le jargon ;

On nous fait monter au deuxième étage et nous pénétrons dans une sorte de chambrée de caserne. Une dizaine de lits de fer sont alignés contre un mur ; il y a aussi des lits dans la pièce voisine et jusque sur le palier.

Quelques personnes sont déjà là, des jeunes gens, un ménage et une très jeune femme. Une inscription en russe est clouée au mur : « Sans entente, pas de communisme ».

Dans l’après-midi, le maître du lieu vient nous voir. Il est vêtu d’une sorte d’uniforme militaire bleu foncé et porte de hautes bottes en cuir noir. Sur sa poitrine est attachée une médaille de bronze à l’effigie de Karl Marx, l’insigne de sa fonction.

Il ne parle que le russe et l’anglais. Les Italiens lui racontent avec force gestes les événements de leur pays. Je sais un peu l’anglais, il se retourne vers moi et me dit d’un air sévère :