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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/73

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en russie communiste

Les passeports !

Il faut payer d’audace ou je suis perdue. Pendant que les gens montrent leurs papiers, je me faufile derrière eux, comme j’ai fait à la frontière franco-suisse. Mais il faut passer au milieu des soldats qui font la haie, je prends un air fatigué et je vais. Je m’attends à chaque seconde à ce qu’une main se pose sur mon épaule, mais rien ; il y a deux marches, je les descends, je suis dans la rue.

Je vois le guide et les camarades passer devant moi ; je les suis comme je puis, car mes jambes sont raides et le pavé pointu rend la marche difficile. Je rassemble mes forces, car il ne faut pas perdre mes compagnons. Mais je vois un drapeau rouge flotter au premier étage d’une maison, ce doit être la mission russe ; c’est là, en effet ; je vois les camarades y entrer, j’y pénètre à mon tour.

Sauvés !

La mission russe jouit de l’exterritorialité, plus d’arrestation, plus de fusillade !

Une délicieuse impression de détente nerveuse me pénètre tout entière ; enfin, c’est fini de trembler !

Nous sommes dans une grande salle ornée de rideaux en papier rouge. Les murs sont couverts d’affiches illustrées qui rappellent des phases de la Révolution russe. Sur l’une, un navire brisé que quitte un amiral qui a perdu toute sa morgue d’antan ; son uniforme est déchiré, ses souliers