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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/77

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en russie communiste

— Vous êtes mère !

— Quoi ?

— Oui, vous êtes mère, il faut que vous le soyez, comprenez-vous ?

— Soit, je suis mère.

Les deux Italiens sont là :

— Voilà vos deux fils : Michaël et Adolphe Capoutchévitch. Vous venez de… (une ville allemande) et vous allez en Russie avec vos enfants. C’est cela que vous direz aux policiers s’ils vous interrogent.

Mais mes enfants ne savent pas le français et moi je ne sais pas l’italien, et puis, il y a une question d’âge, je suis vexée, Michaël a cinq ans de moins que moi, j’aurais commencé jeune. Billevesées que tout cela. J’essaie de graver cette histoire dans ma mémoire. Je retiens bien le nom de mes fils, mais impossible de me rappeler d’où je viens, cette ville allemande a un nom compliqué et puis je crois que le régime des harengs saurs que je subis est tout à fait préjudiciable à mes facultés d’acquisition intellectuelle.

Les Russes ne connaissent pas les susceptibilités de notre pudeur. Je couche dans la même chambre que ces hommes ; il y a quelques femmes autres que moi. Je dois me lever la nuit et traverser toute la chambrée et jamais je ne constate rien de choquant. Ces hommes, cependant, sont