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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/78

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mon voyage aventureux

loin d’être insensibles, il y a des flirts qui même, causent des larmes

Je me couche tôt, le sommeil est le seul remède à l’ennui que j’éprouve dans ce milieu qui n’est pas le mien, en dépit de l’opinion politique. Un soir, je suis réveillée en sursaut par des cris, des pleurs, un bruit de vaisselle brisée dans la chambre voisine. Je suis d’abord très effrayée. Dans mon ignorance de tout, je pense que, peut-être il y a de grands événements. L’exterritorialité est violée et on arrête toute la mission. Je me blottis en chemise dans un placard.

Voyant que tout se calme, je me risque hors de ma cachette. Rien de tragique. C’était la jeune femme en but à un flirt trop poussé. Pauvre petite humanité !

On part demain pour la Russie ; un commissaire de Moscou vient me voir :

— Vous allez être très mal me dit-il, pendant la première journée, on est forcé de vous faire voyager avec des émigrants et de l’armée rouge, excusez-nous. Ensuite vous serez très confortablement installée, vous aurez le wagon diplomatique.

Grand merci.

Au fond, je suis sceptique ; on m’a promis tant de choses depuis Berlin que je ne crois plus guère aux paroles. Les Russes, semblables aux hommes de l’Orient, n’ont pas l’air de se douter qu’une promesse soit une chose sérieuse et qu’on n’en doit