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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/85

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en russie communiste

des trous. Nous entrons dans une boutique pour acheter à manger, impossible, des prix fantastiques pour des aliments sordides.

Les habitants ne disent rien à mes camarades qui portent l’uniforme de l’armée rouge ; mais ils éclatent de rire en me voyant et ils me crient des insultes que je ne comprends pas.

J’ai le malheur d’être femme, et moi qui croyais que la femme était affranchie dans ce pays, qu’elle avait droit de cité au même titre que l’homme.

Je vois qu’ici il y a beaucoup à faire pour élever les gens, je ne dis pas jusqu’au communisme, mais seulement jusqu’à la civilisation.

Au centre de la ville un marché minable. Tout de même, on y trouve du fil, des aiguilles, du savon ; le blocus s’est amendé.

Les maisons sont en pierre, mais lézardées, et abandonnées, un désordre et une saleté dont nous n’avons pas idée. Au bord d’un lac magnifique est un jardin public. L’endroit serait ravissant si un peu de notre Europe passait par là.

Notre conducteur découvre, ô bonheur ! le restaurant soviétique Pour une petite fortune, nous y mangeons une soupe à peu près passable, un riz semblable à de la colle, arrosé d’un verre de thé. Nous payons parce que nous sommes étrangers, les ressortissants ne paient pas ; ils apportent leur carte de « paioc ».

Nous rentrons, la soirée s’annonce très froide,