Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
mon voyage aventureux

porte ouverte dans un appartement dévasté, des meubles brisés sont dans tous les coins ; des lattes du parquet même sont arrachées. Un bruit de voix me guide, je traverse plusieurs chambres. Enfin dans une pièce bien abandonnée aussi, deux femmes assises à une table sur laquelle trône un magnifique samovar prennent du thé. L’une d’elles se lève et vient à moi ; je dis l’objet de ma visite.

« Nous n’avons pas de chambre, répond elle en excellent français, ce n’est pas nous qui louons, c’est une de nos amies, la femme d’un général. » Très aimablement on me fait asseoir pendant qu’on me donne avec l’adresse un mot de recommandation. La dame me reconduit jusqu’au bas de l’escalier.

Dans la rue je réfléchis : loger chez la femme d’un général, peut-être d’un général réactionnaire, cela peut être dangereux. Retournons d’abord à la gare ; je n’irai à l’adresse indiquée que si je suis vraiment abandonnée.

À la gare je trouve un nouveau conducteur ; on me cherchait. Il fait embarquer nos bagages sur un affreux camion traîné par un cheval étique. Nous montons et nous asseyons tant bien que mal sur nos valises ; les cahots de la voiture menacent de nous en précipiter à chaque instant ; il pleut à verse. C’est dans ce triste équipage que je fais mon entrée dans la capitale du communisme.

Le quartier que nous traversons présente l’as-