Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
en russie communiste

pect de la désolation la plus lamentable. Les gens sont vêtus de guenilles et chaussés de chiffons retenus par des ficelles ; des femmes portent des robes en toile de sac. Beaucoup de ces gens ont sous leur bras un énorme pain noir.

Devant certaines maisons, de longues queues de femmes et d’enfants attendent je ne sais quoi.

C’est cela la Russie ? Ah ! mon Dieu, Wells avait raison !

De cette misère nous en sommes cause. La bourgeoisie mondiale a suscité à la Russie déjà ruinée par la guerre impérialiste des guerres interminables. Par le blocus, elle a privé ce malheureux pays des produits industriels indispensables parce qu’il ne sait pas les fabriquer lui même. Je me rappelle une phrase du commissaire de X… pour répondre à mes critiques de l’organisation dont j’avais pâti pendant mon voyage : « Oui nous sommes mal organisés ; mais nous avons battu Kornilof, Dénikine, Wrangel, tenez mon tabac, c’est du tabac de Wrangel. »

Je peux voir que Moscou est loin d’être dénuée au point de vue des aliments. Dans les boutiques, des choux énormes, des pommes de terre, de grands poissons conservés et jusqu’à des vins fins.

Quelle ville originale ! Elle ne ressemble à aucune capitale de l’Europe. D’innombrables chapelles à coupoles dorées : le Kremlin entouré d’un mûr en briques rouges avec des crénaux.