Après une course très longue, nous nous arrêtons devant une grande bâtisse peinte en blanc.
Une dame assise à un bureau nous reçoit plus que froidement et je commence à m’inquiéter.
Où nous a-t-on conduits ? Quelle est cette maison ? Des cris d’enfants qui jouent arrivent jusqu’à moi ; j’interroge :
— École ?
— Non.
— Hôpital ?
— Non, refuge.
Ainsi on me loge dans un refuge. Moi, une propagandiste qui viens visiter la Russie dans le but unique de la servir. Par exemple !
Si on me considère aussi peu, que ne m’a-t-on refusée à Berlin. Si on m’a payé le voyage à Berlin c’est qu’on tient un peu à moi ; alors, pourquoi me traiter de la sorte ? Vraiment des anti-bolchevistes auraient organisé mon voyage de façon à me donner l’horreur de la Russie communiste qu’ils n’auraient pas mieux fait.
Au bureau, pas moyen de m’expliquer ; un scribe qui retourne vingt fois sa plume dans ses doigts avant d’écrire un mot ne veut rien savoir de moi ; il se tourne vers les Italiens qui sont des hommes.
Les Italiens augmentent la confusion ; ils tiennent à garder le nom de Capoutchévitch et ils voudraient me l’imposer.