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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/97

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en russie communiste

Désespérée, j’écris à Y., un camarade dont je recevais la correspondance à Paris ; il habite Petrograd.

Ma lettre terminée, une des dames la prend, la lit et la montre à sa compagne « Regardez donc, dit-elle, comme la lettre L est mal faite ; c’est étrange ».

Bon, voilà que l’on prend mon innocente requête pour je ne sais quel cryptogramme contre-révolutionnaire.

Mais l’heure passe ; les employés, hommes et femmes, arrivent, il y en a beaucoup. À peu près tout le monde est mal habillé : vieilles robes d’avant-guerre rafistolées tant bien que mal. Quelques hommes portent le costume semi-militaire des bolchevicks : hautes bottes de cuir, blouse russe ou dolman, casquette ornée de l’étoile soviétique.

On m’amène devant le bureau d’un de ces hommes, il parie français, pas trop mal. Je lui raconte les principaux avatars de mon voyage ; arrivée au récit du passage de la troisième frontière, il saute sur mes mains et les serre avec effusion :

« Ah ! vous avez fait cela ! C’est que je la connais cette frontière, je l’ai passée : tous les trous dont vous me parlez me sont familliers. Hein, ils sont durs, les Lettons, plus durs que les Russes, vous avez dû en souffrir ».