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L'ART

En effet, suivant les sens auxquels il s’adresse, l’art, quand il parle à l’oreille, s’appelle ou poésie, ou musique; lorsqu’il parle à la vue par les lignes et les surfaces, il s’appelle architecture; par les formes, il s’appelle sculpture; par les formes et les couleurs, il s’appelle peinture.

Dans chacun de ces domaines naturels viennent s’introduire des distinctions sans nombre, qui sont le résultat du degré de civilisation, des mœurs, des traditions, des climats, de la mode, des dispositions et aptitudes individuelles des artistes.

Les deux facteurs logiques de toute œuvre d’art sont l’imitation et la conception. En effet, l’art est l’expression d’une idée et d’un sentiment par le moyen d’une forme empruntée à la nature; l’imitation est donc son instrument. Mais ce n’est pas son but, il faut subordonner cette imitation à l’idée ou au sentiment que l’artiste veut exprimer, à sa conception. On peut donc affirmer dès le début que l’imitation pure et simple n’est pas le fait d’un être raisonnable. C’est méconnaître l’originalité supérieure de l’artiste, que de borner son rôle à l’office d’un miroir qui reflète indifféremment tous les objets, d’un écho qui répète tous les sons, d’une corde qui vibre au souffle de toutes les passions de l’âme et du corps. Il n’est pas permis à l’homme de se borner à imiter servilement ; car si l’animal, si la brute avait un art, ce serait celui-là, l’animal ne voyant rien au delà du phénomène sensible. Au contraire, c’est le propre de l’homme de pénétrer au delà et de voir une âme dans le corps; c’est le privilège de l’artiste de manifester cette âme et de la faire comprendre.

L’art ne peut donc jamais être défini : l’imitation de la nature.

Cependant le système qui donne pour objet à l’artiste l’imitation de la nature, semble d’abord simple clair et