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TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE I

L’ÉVOLUTION RÉALISTE

Le romantisme n’avait pas compté seulement pour ennemis les défenseurs de la tradition classique. Dès le début, il eut affaire à des adversaires plus redoutables, qui, au lieu de défendre un régime littéraire en désaccord avec l’état social, attaquaient l’école novatrice sur le terrain qu’elle s’était choisi, et, arborant la même devise, l’interprétaient dans un esprit plus conforme aux tendances scientifiques que la seconde moitié de notre siècle devait faire prévaloir. Ils avaient assisté avec une indifférence moqueuse au réveil spiritualiste dont Mme de Staël donna le signal, à la restauration du christianisme artificiel qui eut dans Chateaubriand son machiniste. Ils restaient en philosophie les disciples du xviiie siècle. La vérité et la nature, telle était la formule sacramentelle que la nouvelle école avait inscrite sur son drapeau : ce fut aussi la leur, mais ils en opposèrent le sens positif à l’idéalisme sentimental où la poésie romantique puisait ses inspirations. Cinquante ans au plus avaient passé depuis la première éclosion du romantisme qu’il était frappé dans son esprit même d’une mortelle décadence. Il avait été une révolte du sentiment et de l’ima-