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LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU XIXe SIÈCLE.

au delà de la barrière, les chemins noirs jonchés d’écailles d’huîtres, les vieux murs pierreux, les pissenlits frissonnants dans un coin. Il est le peintre de la banlieue parisienne. Il en sait les terrains vagues où, pour faire sécher la toile et la flanelle, on tend une corde aux troncs de peupliers rabougris, les gargotes sur les murs desquelles est peint un lapin mort avec trois billes de billard ; il compare les adieux des nids au soleil couchant avec le bruit dune immense friture.

Ce qui fait l’originalité de Coppée, c’est qu’il a tiré des plus modestes personnages et des milieux les plus dédaignés, souvent les plus ingrats, tout ce qu’ils pouvaient receler de poésie pour l’âme d’un raffiné qui aspire à redevenir un simple. Il est, comme poète, et avec la délicatesse propre de son talent, le représentant du réalisme, qui envahissait les uns après les autres tous les genres de notre littérature. Ce qu’il a porté dans notre poésie, outre l’art achevé du versificateur et de l’écrivain, c’est le sens d’un pittoresque sans grandeur, mais qui a son charme pénétrant, et c’est surtout une sympathie fine et tendre pour ce monde des humbles où il trouve ses plus heureux motifs comme ses inspirations les plus personnelles.