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CHAPITRE III

MADAME DE STAËL ET CHATEAUBRIAND

Si Jean-Jacques Rousseau, Diderot, André Chénier sont, à des titres divers, les initiateurs du xixe siècle, Mme de Staël et Chateaubriand l’ouvrent et y président. Ils furent opposés l’un à l’autre dès le début et tenus longtemps, à juste titre, pour les représentants de deux doctrines rivales ; mais, alors même que cet antagonisme aurait persisté jusqu’au bout, nous n’en devrions pas moins unir ici leurs noms comme ceux des deux écrivains qui ont fondé chez nous ce qu’on est convenu d’appeler le romantisme. C’est avec eux que commence notre littérature moderne : sentiments dont elle s’inspire, idées dont elle s’alimente, la forme aussi bien que le fond, la philosophie aussi bien que l’art, tout se renouvelle sous leurs auspices. L’une pousse au delà de son siècle des reconnaissances toujours plus hardies jusqu’à ce qu’elle découvre enfin devant elle tout l’horizon du siècle nouveau ; l’autre prend d’un seul coup possession de ce nouveau siècle et y plante triomphalement l’étendard qui va rallier autour de lui les générations prochaines.

On peut marquer aisément ce que Mme de Staël tient de la société au sein de laquelle s’est formé son esprit. Le