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CHAPITRE IV

LES PSEUDO-CLASSIQUES

Pendant que la réforme littéraire se prépare, l’école classique en décadence essaie de maintenir des traditions épuisées ; elle reste fidèle à la discipline que le xviie siècle avait établie, sans s’apercevoir que cette discipline n’est plus en accord avec la société contemporaine, issue d’une révolution qui devait fatalement renouveler la poésie après avoir transformé les institutions et les mœurs. L’art classique, dès les premières années de notre siècle, n’est qu’un ensemble de formules stériles ; la sève se retire de lui comme d’un arbre dont les racines ne tiennent plus dans un sol profondément bouleversé ; les fruits qu’il donne ont perdu toute saveur, et, s’il continue à végéter encore, chaque saison nouvelle le retrouve plus dénudé.

Le caractère du classique, si l’on veut prendre le mot dans son acception la plus générale, c’est justement d’être en harmonie parfaite avec les idées et les principes du milieu social. L’époque digne de ce nom est celle où l’art s’épanouit de lui-même, comme la fleur d’une civilisation heureuse dont aucun malaise ne trouble la confiante sécurité. Tel avait été le siècle de Louis XIV : mais, au début du nôtre, les champions du classicisme ne représentent plus que l’ancien régime littéraire, destiné à dispa-