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LES PSEUDO-CLASSIQUES.

social. Au magnifique développement de l’art et de la poésie concourent tous les éléments et toutes les forces de la civilisation monarchique. Ce développement se prolonge jusque dans le xviiie siècle ; mais le déclin est bientôt sensible. La philosophie qui doit aboutir à la chute de l’ancien régime social, prépare aussi celle de l’ancien régime littéraire. Après la Révolution il n’y a plus d’illusion possible : l’art doit nécessairement se mettre en accord avec les lois et les mœurs d’une société nouvelle, et les derniers représentants du classicisme ne sont plus que des « ci-devant ».

Pendant que l’esprit d’innovation se propage dans tous les sens, l’esprit de conservation cherche à garantir les formes consacrées. Mais c’est en vain qu’il invoque le respect des maîtres et l’autorité des règles : les écrivains qui imitent ces maîtres et qui s’assujettissent à ces règles ne sauraient produire, malgré leur talent, que des œuvres vouées à la médiocrité, puisqu’elles sont dépourvues de toute inspiration personnelle, et frappées par avance de mort, puisque les traditions dont elles s’inspirent ont depuis longtemps épuisé toute leur vertu.