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DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

LE ROMANTISME

Le nom de romantique, par lequel on désigne la période littéraire la plus étendue et la plus riche de notre siècle, est un de ces noms vagues dont la compréhension flottante embrasse sous un même terme les idées les plus diverses et même, en apparence, les moins faites pour s’accorder. Importé en France dans la dernière partie du xviiie siècle, il ne prend qu’à la longue, sous l’influence décisive de Mme de Staël et de Chateaubriand, la signification qui lui est demeurée pour caractériser une littérature nouvelle, régénérée non seulement dans ses formes extérieures, mais aussi dans sa vie intime et dans son esprit. L’école militante qui arbora sous la Restauration le drapeau du romantisme se refusa d’abord à regarder ce terme comme l’expression du mouvement poétique dont elle avait pris l’initiative. En 1824 son chef déclarait ne pas savoir « ce que c’est que le genre classique et que le genre romantique » ; il se plaignait qu’on voulût laisser à ce dernier mot « un certain vague fantastique et indéfinissable qui en redoublait l’horreur », et demandait que, si l’on persistait à s’en servir, on