Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire contemporain, 1908.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles.
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.


Baudelaire, pas plus qu’Alfred de Vigny, n’est proprement un symboliste. Mais les symbolistes ont bien quelque raison de le reconnaître comme un de leurs devanciers, si vraiment il sut découvrir et rendre ces secrets rapports des choses soit entre elles, soit avec l’âme humaine, qui sont, à leurs yeux, l’essence même de toute poésie.


Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Baudelaire, ont été des précurseurs plus ou moins indirects du symbolisme. Son vrai maître fut Stéphane Mallarmé.

Ainsi que la plupart des poètes contemporains, Stéphane Mallarmé appartint d’abord au Parnasse ; mais, entre les parnassiens, c’est avec Baudelaire qu’il avait le plus d’affinité. Ses premiers poèmes sont déjà, presque tous, alambiqués et difficultueux ; à peine en citerait-on trois ou quatre[1] qui se comprennent sans effort. Dans la seconde partie de sa carrière, Mallarmé devient le théoricien d’une nouvelle esthétique. Au point de vue de la versification, remarquons d’ailleurs qu’il observa toujours les

  1. Les Fenêtres, Apparition, les Fleurs, l’Azur.