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une langueur qui s’insinue délicieusement à notre âme.


Avec Albert Samaîn et M. André Rivoire, nommons encore M. Fernand Gregh, l’auteur de deux recueils très distingués, la Maison de l’enfance et la Beauté de vivre. Dans l’un, le jeune poète exhale en modulations suaves et tristes le regret des années matinales, et, près de quitter l’asile béni de sa jeunesse, prend plaisir à évoquer une dernière fois les songes qu’il y berça au murmure des arbres et des fontaines. Dans l’autre, il chante, non pas le bonheur, mais la beauté de la vie. Ses peines ont été plus nombreuses que ses joies. Mais qu’importe, si les peines ont aussi leur beauté, une beauté plus secrète, plus pénétrante, plus poétique ? Telle est la pensée qui fait l’unité du livre. Ce qu’il y a de vraiment personnel chez M. Fernand Gregh, de vraiment conforme à sa nature propre, c’est, comme chez M. Rivoire, la veine élégiaque, mais avec quelque chose de fervent que M. Rivoire n’a point. On trouve dans la Maison de l’enfance maintes pièces exquises qui, du jour au lendemain, rendirent son nom célèbre. Très jeune encore, M. Gregh s’est inspiré jusqu’ici de Verlaine. Cela ne nous empêche pas de reconnaître en lui un des poètes de la toute nouvelle génération qui sont le plus naturellement, le plus ingénument poètes.