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boliste, le prochain fondateur de l’école romane. lême par leurs procédés de composition, les allégories du Pèlerin passionné rappellent Charles d’Orléans et Guillaume de Lorris. Symboliste, M. Jean Moréas ne l’avait jamais été : roman, il l’était déjà dans ce recueil, qui passa, voilà dix ans, pour le chef-d’œuvre du symbolisme.

Après son second manifeste, M. Moréas fît paraître deux petits livres, Œnone au clair visage et Sylves, Ériphyle et Sylves nouvelles. On y trouve quelques jolies pièces, cinq ou six, pas davantage, et qui sont d’une élégance bien mièvre. À quoi pouvait aboutir l’école romane? « Il nous faut, disait son chef, une poésie franche, vigoureuse et neuve. » On ne voit pas comment cette poésie serait issue d’une école qui, sous prétexte de « renouer la chaîne gallique », se condamnait à faire des pastiches. Les plus jolies pièces de M. Jean Moréas ne sont que cela. Et, nous l’avons déjà dit, quelques pastiches de lui méritent d’être loués pour leur gentillesse mignarde; mais ce sont jeux et artifices où le grammairien a souvent plus de part que le poète.

Tout dernièrement M. Moréas a publié deux livres de Stances, bien supérieurs aux précédents recueils. Ces stances valent soit par la netteté de la forme, soit, quelques-unes du moins, par la finesse du sentiment. Il faudrait y’ insister davantage, si, même n’ayant pas assez d’originalité pour marquer leur place dans l’évolution de notre poésie, elles avaient une figure assez caractéristique pour que nous y reconnussions le chef de l’école romane. Mais