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M. Moréas ne se soucie guère plus d’y « romaniser » que d’y « symboliser[1] ».


Les poètes dont nous avons parlé jusqu’ici sont restés généralement fidèles à la discipline classique, dont ni les parnassiens, ni les romantiques eux-mêmes ne rompirent le fil. En voici d’autres maintenant que ne retiennent pas dans leurs innovations le sens et le goût de la mesure, innés à notre race. Si M. Jean Moréas est Grec, c’est, pourrait-on dire, être plus que Français. Mais ils sont, eux, des Septentrionaux, des « barbares ». Sachons-leur gré d’avoir adopté la langue française, et ne nous étonnons pas trop en trouvant parfois chez eux des bizarreries et des raffinements qui choquent nos traditions héréditaires.


Ami de M. de Régnier, et, pour ainsi dire, son frère d’armes aux temps héroïques du symbolisme, M. Vielé-Griffin ne lui ressemble point. Rien, chez cet Anglo-Saxon, du parnassien que fut d’abord l’auteur d’Apaisement et des Sites. Sa première œuvre, Cueille d’avril, quoique la métrique en soit presque toujours régulière, dénote une inclination déjà mani-

  1. Quatre nouveaux livres de Stances viennent de paraître (janvier 1901), qui doivent modifier quelque peu ce jugement. M. Jean Moréas y ronsardise non sans art, et parfois il accorde très délicatement les formes de la Pléiade à notre sensibilité moderne.