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vieil Homère ; scènes lyriques, où l’éloquence n’est gâtée par aucun artifice, la noblesse par aucune pompe, où la majesté n’a jamais rien de tendu, où la grandeur ne cesse jamais d’être simple.

Nous ne devons parler ici que des poètes qui ont concouru à l’évolution de notre poésie contemporaine. Les autres, quel que puisse en être le talent, ne nous intéresseraient que s’ils avaient eu une originalité assez puissante pour la dévier. Aussi ne dirons-nous rien ni de ceux qui, comme M. Jean Richepin, ont été des romantiques attardés et exaspérés, ni de ceux qui, comme M. Edmond Haraucourt, comme M. Jean Lahor ou M. de Guerne, se sont approprié, chacun selon leur tour d’esprit et d’imagination, une poétique déjà consacrée par des chefs-d’œuvre.

Si je mentionnais M. Richepin, ce ne serait pas pour les Blasphèmes, où s’étale sa rhétorique insoente et crue, ce serait pour certaines pièces, les noins rutilantes, de la Chanson des Gueux et surtout le la Mer. M. Haraucourt a fait dans la haute poésie de très louables tentatives ; mais les sujets qu’il traite demanderaient plus de vigueur et plus de souffle. M. Jean Lahor, disciple de Leconte de Lisle, s’en distingue par l’accent de pieuse douceur que rpend chez lui la sérénité bouddhiste. M. de Guerne développe avec éloquence de beaux lieux communs. Il a de la rectitude et de la fermeté ; il a aussi de l’ampleur, du mouvement et même de l’éclat. Il serait un grand poète, si Leconte de Lisle et Victor Hugo ne l’avaient pas été avant lui.