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RELIGION

Jésus, après son baptême, fut transporté par l’Esprit dans un désert où il jeûna quarante jours et quarante nuits ; selon Jean, il partit aussitôt pour la Galilée. De même, Mathieu, Luc et Marc disent que les saintes femmes regardèrent de loin le crucifiement ; mais Jean rapporte qu’elles étaient debout au pied de la croix. Les évangélistes ne s’accordent ni sur le nombre de fois qu’apparut le Christ ressuscité, ni sur les lieux où il apparut, ni sur son ascension, ni même sur sa généalogie. Dès les origines, l’histoire du christianisme fut un tissu de contradictions[1].

Au surplus Voltaire montre directement l’inauthenticité des Écritures, celle de l’Ancien Testament en expliquant par exemple comme quoi Moïse ne peut avoir écrit le Pentateuque, celle du Nouveau Testament en faisant voir que les quatre Évangiles ont été fabriqués longtemps après Jésus-Christ. Il signale, dans l’un et dans l’autre, les nombreuses altérations et falsifications qu’ont reconnues d’ailleurs, à commencer par saint Jérôme, beaucoup d’éminents chrétiens. Il rappelle les dissentiments de maintes sectes sur certains livres sacrés : les pharisiens rejetaient tous les prophètes et ne recevaient que le Pentateuque ; parmi les chrétiens, Marcion et ses sectateurs rejetaient le Pentateuque comme les prophètes et introduisaient d’autres livres à leur mode ; les allogiens excluaient l’évangile de saint Jean et l’Apocalypse ; les ébionites admettaient un seul évangile, celui de Mathieu ; enfin les hérétiques modernes

  1. Dict. phil., Généalogie, XXIX, 537 sqq.; Extrait des Sentiments de J. Meslier, XL, 412 sqq. ; Instruction à frère Pediculoso XLIV, 496 sqq. ; etc.