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RELIGION

rappeler de quelle façon furent traités les ouvrages de Voltaire, non seulement ceux où il attaque le catholicisme, mais ceux-là mêmes où il se borne à exprimer, sans rien d’agressif, ses idées philosophiques.

La Sorbonne dénonca la Henriade et lui en fit refuser le privilège. « J’ai, déclare-t-il, trop recommandé… l’esprit de paix et de tolérance ; j’ai trop dit de vérités à la cour de Rome, j’ai répandu trop peu de fiel contre les réformés, pour espérer qu’on me permette d’imprimer dans ma patrie ce poème composé à la louange du plus grand roi que ma patrie ait jamais eu » (Lettre à M. Cambiague, 1724, édit. Moland, XXXIII, 107). Les Lettres philosophiques et la Voix du Sage et du Peuple furent supprimés. De même les deux premiers chapitres du Siècle de Louis XIV[1]. « J’élevais un monument à la gloire de mon pays,

    ressante selon ma façon de penser ; c’est la persécution que l’on suscite à l’abbé Raynal. On dit qu’il a été obligé de disparaître. Heureusement son livre ne disparaîtra jamais. Est-il vrai qu’on en veut à ce livre et à la personne de l’auteur ? Les jansénistes et les pharisiens se sont réunis, et fuerunt amici ex illa hora. Il n’y aura donc plus moyen chez les Welches de penser honnêtement sans être exposé à la fureur des barbares ! » (Lettre à d’Argental, 26 nov. 1775). [Le principal ouvrage de l’abbé Raynal, l’Histoire philosophique et politique des deux Indes, publiée en 1780, fut brûlé par ordre du Parlement, et l’auteur décrété de prise de corps.]
    « Pourriez-vous me dire si vous avez entendu parler de l’affaire d’un jeune philosophe et par conséquent d’un jeune malheureux, nommé Delisle de Sales, auteur d’un livre intitulé De la Philosophie de la Nature ? Il a été violemment persécuté et même décrété de prise de corps » (Lettre à Marmontel, 8 mars 1777). — « On me mande qu’ils [messieurs du Châtelet] ont condamné au bannissement perpétuel ce pauvre Delisle de Sales » (Lettre au même, 8 avr. 1777).

  1. Parus à part, en 1739.