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VOLTAIRE PHILOSOPHE

dans son œuvre, à cette époque, la polémique anticléricale, il suffit de lire le Dictionnaire philosophique. Dans le premier volume par exemple, une vingtaine d’articles sur soixante prennent à partie le catholicisme : Abbaye, Abbé, Abraham, Adam, Adorer, Agar, Ame, Amour de Dieu, Ange, Annates, Antitrinitaires, Apocryphes, Apostat, Apôtre, Ararat, maints autres encore. Et ce sont presque toujours les plus étendus. Sur Abraham, vingt pages ; sur Adam, dix ; sur Âme, vingt ; sur Apocryphes et sur Apôtre, quinze. Aussi bien plusieurs articles, dont le titre n’annonce rien d’anticatholique, se rattachent pourtant, soit en partie, soit tout entiers, à la propagande contre l’Église. Dans Abus, il ne parle que de « l’appel comme d’abus ». Dans Adultère, il plaide en faveur du divorce. Dans Anthropophages, il consacre deux ou trois pages à soutenir que les Hébreux mangeaient de la chair humaine. Dans Arabes, il montre que Job n’était pas Juif et que le Livre de Job est antérieur à tous les livres judaïques. Enfin, voici le commencement de l’article Aranda (comte d’) : « Quoique les noms propres ne soient pas l’objet de nos questions encyclopédiques, notre société littéraire a cru devoir faire une exception en faveur du comte d’Aranda, qui a commencé à couper les têtes de l’hydre de l’inquisition[1]. »

  1. Dans le reste du Dictionnaire, sans citer les articles que signale assez leur titre, cf. entre autres Avignon, où Voltaire conteste les droits du pape sur cette ville ; Éclipse, où, rappelant la légende d’après laquelle la terre se serait couverte de ténèbres à la mort de Jésus-Christ, il conclut que les ténèbres de la superstition sont bien plus dangereuses ; Économie, où il critique les récits sacrés relatifs à Abraham et à Isaac ; Gloire (section II), où il raille la sottise humaine qui se représente