C’est aussi dans les vingt dernières années de sa vie que Voltaire publie le plus grand nombre de ses brochures anticléricales. Les gros livres ne sont pas de saison. Mieux valent des pamphlets, qui se répandent partout, que tout le monde veut lire et peut comprendre. « Il paraît convenable, écrit-il à Helvétius, de n’écrire que des choses simples, courtes, intelligibles aux esprits les plus grossiers. Que le vrai seul et non l’envie de briller caractérise ces ouvrages » (2 juill. 1763). Et, dans une autre lettre au même, signée Jean Patourel, ci-devant jésuite, après avoir gémi sur les progrès de l’incrédulité : « On oppose, dit-il, au Pédagogue chrétien et au Pensez-y bien, livres qui faisaient autrefois tant de conversions, de petits livres philosophiques qu’on a soin de répandre partout adroitement. Ces petits livres se succèdent rapidement les uns aux autres. On ne les vend point, on les donne à des personnes affidées qui les distribuent à des jeunes gens et à des femmes. Tantôt c’est le Sermon des Cinquante, qu’on attribue au roi de Prusse, tantôt c’est un Extrait du Testament de ce malheureux curé Jean Meslier,… tantôt c’est je ne sais quel Catéchisme de l’Honnête homme » (25 août 1763). Voilà le moyen le plus efficace de combattre l’Église ; et Voltaire ne le dénonce sous le nom de Jean Patourel que parce qu’il se félicite d’en user pour son propre compte avec succès.
Si beaucoup de ses ouvrages proprement littéraires avaient eu de tout temps un tour philosophique, le
l’Être suprême comme un glorieux ; Horloge, où il ridiculise le miracle « fait en faveur d’Ézéchiel sur son horloge, miracle par lequel le soleil recula sans souci de déranger le cours de tous les autres astres, etc., etc.