Voltaire, son ascétisme ne pouvait manquer de lui répugner.
Cet ascétisme est incompatible avec le bonheur légitime du genre humain, et non seulement avec son progrès matériel, mais avec son progrès intellectuel et moral. Il faudrait donc réprouver tout plaisir, passer sa vie dans les mortifications, se rendre insensible à toutes les belles choses, aux arts et à la poésie ? C’est une inhumanité d’un autre genre.
Que des hommes choisis, comme les anciens brachmanes ou mages, s’exilent du monde pour consacrer leur existence à l’adoration de Dieu et à l’observation des phénomènes célestes, Voltaire ne leur refuse pas ses éloges. Et, louant cette existence des mages ou des brachmanes[1], il ne la blâmerait point chez les moines, si c’était vraiment la leur. Mais, sans parler ici de ceux qui vivent dans une paresse abjecte ou dans les plus viles débauches, les autres, respectables par leur sainteté, s’abusent d’une étrange façon sur le culte que Dieu demande à ses créatures. Dieu nous a faits des hommes : comment croit-on lui agréer en mutilant son être, en refusant les biens que lui-même a mis à notre disposition, en mortifiant soit sa chair, soit même, si l’on peut dire, son intelligence et sa conscience ?
Fondé sur une pareille théologie, le catholicisme ne saurait assurer son règne que par l’asservissement de la raison et de la volonté.
Voltaire nomme les prêtres « des maîtres d’erreurs payés pour abrutir la nature humaine » (Dict. phil., Franc, etc., XXIX, 487), ou encore « des sorciers
- ↑ Dict. phil., Austérités, XXVII, 213.