Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
RELIGION

la manière d’enseigner la morale, de célébrer les cérémonies, dépendent de l’autorité du prince et relèvent de l’inspection des magistrats[1]. La puissance civile exerce son droit souverain sur les assemblées, les prières et les chants, sur l’instruction publique, sur l’administration des sacrements, qu’aucun pasteur ne peut refuser de son autorité privée, sur les sépultures, sur le régime monastique, etc.[2]. Il rappelle souvent et propose comme exemple ce qui se passait alors en Russie : l’évêque de Rostov ayant protesté contre un décret sur la gestion des biens ecclésiastiques, Catherine le fit livrer au bras séculier; et pareillement, des capucins de Moscou ne voulant pas enterrer un Français mort sans avoir reçu les derniers sacrements, elle les chassa et mit à leur place des augustins, qui prirent le parti de se soumettre[3].

Plusieurs fois Voltaire compare le prêtre avec le précepteur auquel un père de famille prescrit les heures de travail, le programme et la matière des études[4]. En toute chose, l’Église doit obéissance à l’État ; les dogmes eux-mêmes intéressent plus ou moins directement l’ordre social, et l’État, par suite, peut les fixer et les régler comme il le juge utile[5]. « Une bonne religion honnête, mort de ma vie ! dit A dans l’A, B, C, une religion bien établie par acte du parlement, bien dépendante du souverain, voilà ce qu’il nous faut ! » (XLV, 82).

  1. Dict. phil., Droit canonique, XXVIII, 467.
  2. Ibid., id., 466 sqq. ; Voix du Sage et du Peuple, XXXIX, 344 sqq.
  3. Dict. phil., Puissance, XXXII, 34, 35.
  4. Cf. par exemple Ibid., Prêtres, XXXI, 512 ; Voix du Sage, etc., XXXIX, 345.
  5. Dict. phil., Droit canonique, XXVIII, 485.