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RELIGION

nie de Brienne, prélat incrédule comme tant d’autres, pressa le nouveau roi de porter le dernier coup aux protestants. Devenu plus tard ministre, l’opinion publique l’obligea de leur restituer l’état civil. Mais cette mesure lui aliéna la plupart des gens d’Église. Quinze ans après, en 1789, le clergé proteste dans ses cahiers contre tout ce qui s’est fait récemment pour améliorer le sort des religionnaires ; et, prévoyant de nouvelles « concessions », il demande qu’on les tienne exclus des charges de judicature, qu’on ne lève ni l’interdiction de leur culte en public, ni celle des mariages mixtes.

Ce n’est pas proprement au christianisme que Voltaire attribue l’intolérance et la persécution, ce n’est pas du moins au christianisme de Jésus, c’est à celui de l’Église. Et, bien souvent, les comparant entre eux, il montre que la religion catholique contredit en tout le christianisme primitif.

Elle le contredit sur la question même de la tolérance. Voltaire se plaît à rappeler maintes paraboles des Évangiles où Jésus prêche la douceur et le pardon : voici le père de famille tuant un veau gras en l’honneur du fils prodigue, voici le Samaritain charitable, voici l’ouvrier qui, venant travailler à la dernière heure, est payé comme les autres. Mais Jésus-Christ prêche aussi d’exemple : il protège la femme adultère ; il réprime les fils de Zébédée appelant le feu du ciel sur une ville qui les a mal accueillis ; il oblige Pierre de rengainer son épée. « Si vous voulez ressembler à Jésus-Christ, conclut Voltaire, soyez martyrs et non pas bourreaux » (Traité sur la Tolérance, XLI, 331).

Quant aux pratiques, il n’y a aucun rapport entre