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Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/161

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VOLTAIRE PHILOSOPHE

Rochette, pour lequel il s’employa de son mieux. « On dit, écrivait-il à Richelieu le 25 octobre 1761, qu’il ne faut pas pendre le prédicant de Caussade, parce que c’en serait trop de griller des jésuites à Lisbonne et de pendre des pasteurs évangéliques en France. Je m’en remets sur cela à votre conscience. » Et, comme s’il se souciait peu de cette affaire : « Rosalie[1], ajoute-t-il, m’intéresse davantage », etc. Puis, le 27 novembre, revenant à la charge : « Qu’on pende le prédicant Rochette ou qu’on lui donne une abbaye, cela est fort indifférent pour la prospérité du royaume des Francs ; mais j’estime qu’il faut que le parlement le condamne à être pendu et que le roi lui fasse grâce. Si c’est vous, monseigneur, qui obtenez cette grâce du roi, vous serez l’idole de ces faquins de huguenots. Il est toujours bon d’avoir pour soi tout un parti. » On a souvent allégué ces deux lettres pour montrer que le défenseur des Calas et des Sirven abandonnait à leur sort les protestants persécutés s’ils ne lui donnaient pas l’occasion de jouer un grand rôle. Mais on se garde bien de les citer tout entières, et l’on en dénature le sens. Voltaire n’ignorait pas que les juges appliqueraient la loi ; s’il affecte de ne prendre aucun intérêt au pasteur Rochette, c’est pour plaider sa cause avec plus d’adresse.

La tolérance ayant fait de grands progrès dans la seconde moitié du xviiie siècle, Voltaire put se rendre témoignage que son action n’avait pas été inutile. Cependant, en 1775, au sacre de Louis XVI, Lomé-

    leur rend pas leur bien, il vaudrait mieux les remettre aux galères » (8 oct. 1766).

  1. Une actrice du temps.