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VOLTAIRE PHILOSOPHE

caractéristique du septième Discours sur l’Homme :

xxxxxLe juste est bienfaisant
x
(XII, 98.)


Au point de vue de ce qu’on appelle aujourd’hui la solidarité humaine, les devoirs de la justice comprennent ceux de la bienfaisance, et telle est sans doute la signification de ce mot.

Les véritables vertus étant les vertus utiles, les véritables grands hommes sont, d’après Voltaire, ceux qui ont bien mérité de leurs semblables, « qui ont rendu de grands services au genre humain » (Lettre à Darmilaville, 7 mai 1762)[1]. Pendant son exil en Angleterre, une discussion s’éleva, lui présent, entre des personnes célèbres sur « cette question usée et frivole : quel était le plus grand homme de César, d’Alexandre, de Tamerlan ou de Cromwell ». Une d’entre elles, raconte-t-il, soutint que c’était sans conteste Isaac Newton. Et il ajoute : « Cet homme avait raison ; car… ces politiques et ces conquérants dont aucun siècle n’a manqué ne sont d’ordinaire que d’illustres méchants », et « la vraie grandeur consiste à avoir reçu du ciel un puissant génie et à s’en être servi pour s’éclairer soi-même et les autres » (Lettres philos., XXXVII, 169). En priant Thiériot de lui fournir des « anecdotes » sur les grands hommes du précédent siècle : « J’appelle grands hommes, lui dit-il, tous ceux qui ont excellé dans l’utile ou dans l’agréable. Les saccageurs de provinces ne sont que héros » (15 juill. 1735)[2]. Et plus tard, occupé

  1. Voltaire fit imprimer cette lettre dans larticle Ana des Questions sur l’Encyclopédie. Cf. XXVI, 328.
  2. « Quand je vous ai demandé des anecdotes sur le siècle de