la publier, si même il la publia malgré lui, c’est uniquement par crainte que les dévots ne l’accusassent d’impiété. Ce poème était un badinage, et que nous ne devons pas apprécier selon les idées de notre temps.
Dans plusieurs autres écrits, Voltaire a parlé sérieusement de Jeanne d’Arc. Il voulait débarrasser son histoire du merveilleux qui en faisait une légende. Et il ne suivit la chronique de Monstrelet que comme la seule où le merveilleux ne tînt aucune place. Selon Voltaire, celui qui se dit inspiré ne peut être qu’un « idiot » à moins d’être un charlatan. Jeanne d’Arc lui paraît sincère : aussi la traite-t-il d’idiote[1] (innocente). Mais cela ne l’empêche pas de célébrer sa vertu et sa vaillance. Dans la Henriade, en nous la montrant aux enfers parmi les héros, il l’appelle
Dans les Éclaircissements historiques, il la vante d’avoir eu « assez de courage pour rendre de très grands services au roi et à la patrie » (XVIIIe Sottise de Nonotte, XLI, 67)[2]. Dans les Honnétetés littéraires,
- ↑ « Une malheureuse idiote » (Éclairciss. historiques, XLI, 67). — « Apprends, Nonotte, comme il faut étudier l’histoire quand on ose en parler. Ne fais pas de Jeanne d’Arc une inspirée, mais une idiote hardie qui se croyait inspirée » (Honnêtetés littéraires, XLII, 682). — Pourtant, dans l’Essai sur les Mœurs, il admet chez elle une part de supercherie, en la déclarant au sur plus « digne du miracle qu’elle avait feint » (XVI, 409).
- ↑ Cet article figura pour la grande partie dans le Dictionnaire philosophique. Il renferme en trois pages, dit M. Anatole France, « plus de vérités solides et de pensées généreuses que certains gros ouvrages modernes où Voltaire est insulté en jargon de sacristie » (Vie de Jeanne d’Arc, t. I, p. lxii).