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Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/264

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POLITIQUE

passer leur avantage, — le sien, car un grand nombre de ses membres étaient propriétaires de fiefs, — avant le bien du peuple. Enfin, les États-Généraux une fois convoqués, il demanda qu’on les réunît suivant les formes aristocratiques de 1614, et soutint de toutes ses forces les intérêts des classes privilégiées jusqu’au moment où, sentant son impuissance, il essaya de se racheter par le vote d’une déclaration (5 déc. 1788) auquel ne prit part, du reste, que la minorité de l’assemblée.

Sans même alléguer le fanatisme des Parlements et les vexations qu’ils firent subir aux philosophes, on s’explique assez l’hostilité de Voltaire contre eux par leur rôle proprement politique durant le xviiie siècle. Il écrit à d’Argental, le 19 avril 1776 : « Tout ce que vous dites des pères de la patrie est bien pensé, bien juste, bien vrai. Vous avez grande raison d’être de l’avis du Pont-Neuf, qui dit dans la chanson :

Ô les fichus pères,
Oh ! gai !
Ô les fichus pères !

« Tout fichus pères qu’ils sont, se sont-ils moins déclarés contre le bien que fait le roi ? ont-ils moins essayé de troubler le ministère ?  » Voltaire hait en eux non seulement une assemblée d’inquisiteurs et de bourreaux, mais encore une oligarchie de « tyrans bourgeois » (Lettre à Mme du Deffand, 5 mai 1771). Et, même quand il écrit : « J’aime mieux obéir à un beau lion, qui est né beaucoup plus fort que moi, qu’à deux cents rats de mon espèce » (Lettre à Saint-Lambert, 7 avr. 1771), devons-nous pour cela le qualifier de « despotiste » ? On n’est point despotiste parce qu’on