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Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/298

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POLITIQUE

en l’empêchant de se remarier, le réduit à un commerce qu’elle réprouve. Tous les peuples, hormis les catholiques romains, considèrent le divorce comme de droit naturel. Jusqu’à quand la loi civile sera-t-elle, chez nous, assujettie à la loi ecclésiastique[1] ?

La plupart des réformes que Voltaire proposa concernent soit l’économie sociale, soit les institutions et les procédures judiciaires.

Nous avons vu qu’il se moque souvent de ceux qui prétendent gouverner l’univers du fond de leur cabinet. Mais il n’en trouve pas moins excellent qu’un simple particulier signale des réformes pratiques. « Sans les avertissements de l’abbé de Saint-Pierre, dit-il, les barbaries de la taille arbitraire ne seraient peut-être jamais abolies en France. Sans les avis de Locke, le désordre public dans les monnaies n’est point été réparé à Londres. Il y a souvent des hommes qui, sans avoir acheté le droit de juger leurs semblables, aiment le bien public autant qu’il est négligé quelquefois par ceux qui acquièrent comme une métairie le pouvoir de faire du bien et du mal » (Ce qu’on ne fait pas, XXXVIII, 517). Les philosophes doivent exprimer leur opinion sur toute chose, dès que cette opinion peut être utile. Il ne s’agit pas de construire un monde nouveau, mais de montrer avec précision par quelles réformes on peut diminuer les misères et les injustices du monde où nous vivons.

En matière d’économie sociale, les améliorations dont Voltaire fut le promoteur ont pour objet l’hygiène, l’assistance publique, le bien-être des

  1. XXVI, 104 sqq. — Cf. p. 121 et 122, n. 1.