écrivit à cette occasion sa pièce du Temps présent, où il montre les villageois acclamant Louis XVI et Turgot[1].
C’est aussi en leur faveur qu’il demande l’abolition de la dîme et la réduction des jours de fête.
Si Abraham a donné la dîme à Melchissédec, prêtre de Salem, et le peuple Juif à ses lévites, en conclurons-nous que nos paysans doivent nourrir leurs curés ? Ils ne gagnent pas toujours, courbés du matin au soir sur leurs sillons, de quoi se nourrir eux-mêmes. Et à qui profite la dîme ? Aux moines et non pas aux curés. Lorsque le roi de Naples, en 1772, eut décidé que, dans une de ses provinces, le clergé serait payé sur le trésor public, il fut également béni par les curés et par les villageois[2]. Sans doute nos prêtres doivent recevoir un salaire convenable. Mais il faut prélever leur salaire sur les revenus de l’État.
Quant aux jours de fête, il y en a beaucoup trop. Les paysans, ces jours-là, peuvent boire dans les cabarets ; on ne leur permet pas d’exercer une profession que Dieu même a prescrite. Et comment, avec cent jours de chômage par année, ne vivraient-ils pas dans la misère[3] ? Mais comptons ce que l’État
- ↑ XIV, 297 sqq.
- ↑ Dict. phil., Curé de campagne, XXVIII, 275 sqq., Impôts, XXX, 341, 342.
- ↑ Cf. dans l’article Fêtes du Dictionnaire philosophique, la Lettre d’un ouvrier de Lyon à Messeigneurs de la Commission
avons un moment de relâche, on nous traîne aux corvées, à deux ou trois lieues de nos habitations, nous, nos femmes, nos enfants, nos bêtes de labourage également épuisées et quelquefois mourant pêle-mêle de lassitude sur la route. Encore, si on ne nous forçait à cette dure surcharge que dans les temps de désœuvrement ? Mais c’est souvent dans le moment où la culture de la terre nous appelle » (XLVI, 425).