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VOLTAIRE PHILOSOPHE

Lorsque le Parlement de Paris, sur le rapport de Séguier, eut condamné la brochure où Boncerf[1] montrait les « inconvénients » de ces droits, Voltaire lui adressa des félicitations ironiques. Insensés ceux qui pensent rendre les paysans plus heureux en les abandonnant à eux-mêmes ! Du reste, qu’on prenne garde de ne pas « renverser les principes fondamentaux » sur lesquels repose la monarchie. « C’est ici la cause de l’Église, de la noblesse et de la robe. Ces trois ordres, trop souvent opposés l’un à l’autre, doivent se réunir contre l’ennemi commun. L’Église excommuniera les auteurs qui prendront la défense du peuple ; le Parlement, père du peuple, fera brûler et auteurs et écrits ; et, par ce moyen, ces écrits seront victorieusement réfutés » Lettre du Révérend Père Polycarpe (XLVIII, 289, 290).

Voltaire avait depuis longtemps réclamé la suppression des droits féodaux, et, tout particulièrement, des corvées[2]. En 1775, la corvée royale fut abolie, et il

    quons que, dans l’Entretien suivant, revient sur ce point pour atténuer ses déclarations. « Je n’admets point l’esclavage du corps parmi les principes de la société. Je dis seulement qu’il vaut mieux pour un vaincu être esclave que d’être tué en cas qu’il aime plus la vie que la liberté. Je dis que le nègre qui se vend est un fou, et que le père nègre qui vend son négrillon est un barbare, mais que je suis un homme fort sensé d’acheter ce nègre et de le faire travailler à ma sucrerie » (Ibid., 72). D’ailleurs Voltaire, comme le remarquent les éditeurs de Kehl, a voulu sans doute peindre dans un Anglais de caractère quelque peu dur, qui ne fait pas grand cas des hommes assez lâches et faibles pour accepter et subir la servitude. — Cf. l’article Esclaves du Dictionnaire philosophique, XXIX, 197, et le Commentaire de l’Esprit des Lois, dans lequel Voltaire loue Montesquieu d’avoir opposé la raison et l’humanité à toutes les sortes d’esclavages (L, 114).

  1. Cf. p. 248.
  2. Cf. Requête à tous les magistrats du royaume : « Si nous