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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/177

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voulu faire la satire des représentants de ce clergé aristocratique, il fût tombé souvent dans les redites.

Cependant, si rares qu’aient été sur ce point ses observations, il n’en est pas moins vrai qu’il a vu nettement ce qu’était alors devenue l’Église de France. En 1792, La Harpe relevait les bévues commises par Soulavie dans les Notes que ce compilateur avait mises aux Mémoires de Maurepas et disait à ce propos :

« Il ne sait pas que le règne des cheveux plats et des grands chapeaux, commencé sous Fleury, a fini avec Boyer, l’imbécile ; qu’à dater de l’évêque d’Orléans, on éloignait le bigotisme comme dangereux et qu’on préférait les esprits doux et conciliants ; qu’on craignait tellement le bruit dont on était las, qu’il valait mieux être un peu libertin que trop rigoriste ; qu’à cette même époque, la philosophie s’était glissée jusque sous le rochet et la barrette, et que l’archevêque de Vienne (Pompignan) s’en plaignit amèrement dans une assemblée du clergé, criant que la moderne philosophie avait infecté même le sanctuaire, déclamation qui fut très mal accueillie ; qu’en un mot, c’était l’esprit du monde, des affaires et de la cour, qui, de nos jours, dominait dans le clergé[1]. »

Dans ce tableau se trouvent comme résumés les traits que Chamfort avait recueillis dans ses notes. Déjà en effet il avait remarqué que le bigotisme, l’intolérance fanatique n’avaient plus cours dans le clergé. « On sait le discours fanatique que l’évêque de Dôle a tenu au roi, au sujet du rappel des protestants. Il parla au nom du clergé. L’évêque de Saint--

  1. L’article auquel ce passage est emprunté a été attribué à tort à Chamfort par Auguis qui le fait figurer au tome III de son édition, p. 398 sqq.