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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/24

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xiii
fernand pelloutier

nion corporative qui s’élabore et la société communiste et libertaire, à sa période initiale. « Nous voulons, dit-il, que toute la fonction sociale se réduise à la satisfaction de nos besoins ; l’union corporative le veut aussi, c’est son but, et de plus en plus elle s’affranchit de la croyance en la nécessité des gouvernements ; nous voulons l’entente libre des hommes ; l’union corporative (elle le discerne mieux chaque jour) ne peut être qu’à condition de bannir de son sein toute autorité et toute contrainte ; nous voulons que l’émancipation du peuple soit l’œuvre du peuple lui-même ; l’union corporative le veut encore : de plus en plus, on y sent la nécessité, on y éprouve le besoin de gérer soi-même ses intérêts ; le goût de l’indépendance et l’appétit de la révolte y germent ; on y rêve des ateliers libres où l’autorité aurait fait place au sentiment personnel du devoir ; on y émet sur le rôle des travailleurs dans une société harmonique des indications d’une largeur d’esprit étonnante et fournies par les travailleurs mêmes. Bref les ouvriers, après s’être crus si longtemps condamnés au rôle d’outil, veulent devenir des intelligences pour être en même temps les inventeurs et les créateurs de leurs œuvres. Qu’ils élargissent donc le champ d’étude ouvert ainsi devant eux. Que, comprenant qu’ils ont entre leurs mains toute la Vie sociale, ils s’habituent à ne puiser qu’en eux l’obligation du devoir, à détester et à briser toute autorité étrangère. C’est leur rôle, c’est le but de l’anarchie. »