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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/27

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fernand pelloutier

tuberculose, résistât longtemps à ces multiples travaux. Déjà, au retour du Congrès de Rennes, en septembre 1898, il avait eu une première hémoptysie qui l’avait complètement exténué. Il se rétablit pourtant, mais comme il se trouvait dans une situation pécuniaire difficile, il avait dû, pour en sortir, solliciter quelques travaux d’écriture. Je me le rappelle — alors qu’il aurait dû se reposer — en novembre, rue des Deux-Ponts, enveloppé dans une couverture, copiant un cours d’économie sociale, puis traduisant de l’anglais un ouvrage de mécanique ! On finit cependant, sur les conseils des médecins, par l’envoyer à la campagne ; au mois d’avril 1899, il alla occuper, aux Bruyères-de-Sèvres, un pavillon composé de deux pièces dans l’une desquelles il installa sa chère bibliothèque, qu’il avait mis tant de soin et qu’il avait eu tant de peine aussi à composer. Là, au milieu d un site ravissant, à deux pas du bois de Meudon, sa santé parut s’améliorer un peu. On fut d’autant plus porté à le croire autour de lui, qu’il ne se plaignait jamais. Il n’eût pas voulu qu’on surprît chez lui la plus légère défaillance, et de fait, même au milieu des plus atroces souffrances, il ne fit jamais entendre la moindre plainte. Dans les derniers jours de sa vie seulement, affaibli par la maladie, déprimé par l’abus de la morphine, il lui arriva à plusieurs reprises de verser quelques larmes, larmes de regret allant à tout ce qu’il laissait d’inachevé, à cette Fédération qui fut son œuvre, et qu’il aima au point de lui faire le sacrifice de sa vie.