Aller au contenu

Page:Penquer - À propos des arbres du Luxembourg, 1866.pdf/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 5 —

Est-ce qu’à ces enfants, jouant avec ces marbres,
On peut prendre l’air pur et l’ombre de ces arbres,
Ce ciel d’azur qui met du bleu dans leurs regards,
Pour leur vendre, en retour, l’air malsain des bazars ?
Est-ce qu’à cette place où l’on vit des prêtresses,
Des reines et des rois, des dieux et des déesses,
On peut poser le socle, orné du mannequin,
Et montrer Colombine au bras d’un Arlequin ?
Est-ce que dans ces lieux où dut régner la reine,
Où Médicis rêvait, en grande souveraine,
La gloire pour son nom, pour les arts l’avenir,
On peut détruire tout, - même ce souvenir ?
Oui !… Qu’importe aux frêlons la ruche des abeilles !
Que font aux chercheurs d’or d’inutiles merveilles !
Aux édiles, que font leurs devoirs de tribun,
Et les biens de la foule, et les droits de chacun !



Pleure, ô ma Velléda[1] ! pleure ta pépinière[2] !
Ils la changent demain en la plus vile ornière !
Ils en font une rue où, dans chaque palais,
Tu verras l’homme libre en habits de laquais !

  1. Mme Auguste Penquer, auteur des Chants du Foyer et des Révélations
    poétiques, va publier, dans le courant de l’année 1866, un poëme en vers
    sur la Velléda de Chateaubriand.
  2. La statue de Velléda, autrefois dans la pépinière, est maintenant
    en face du palais.