Est-ce qu’à ces enfants, jouant avec ces marbres,
On peut prendre l’air pur et l’ombre de ces arbres,
Ce ciel d’azur qui met du bleu dans leurs regards,
Pour leur vendre, en retour, l’air malsain des bazars ?
Est-ce qu’à cette place où l’on vit des prêtresses,
Des reines et des rois, des dieux et des déesses,
On peut poser le socle, orné du mannequin,
Et montrer Colombine au bras d’un Arlequin ?
Est-ce que dans ces lieux où dut régner la reine,
Où Médicis rêvait, en grande souveraine,
La gloire pour son nom, pour les arts l’avenir,
On peut détruire tout, - même ce souvenir ?
Oui !… Qu’importe aux frêlons la ruche des abeilles !
Que font aux chercheurs d’or d’inutiles merveilles !
Aux édiles, que font leurs devoirs de tribun,
Et les biens de la foule, et les droits de chacun !
Pleure, ô ma Velléda[1] ! pleure ta pépinière[2] !
Ils la changent demain en la plus vile ornière !
Ils en font une rue où, dans chaque palais,
Tu verras l’homme libre en habits de laquais !