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Page:Penquer - À propos des arbres du Luxembourg, 1866.pdf/8

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La liberté n’est pas ici l’enfant sauvage
Qui mord le joug et court pieds nus sur ton rivage ;
Elle aime le cordon et le colifichet !
Elle a son maître, l’or ! son culte, le hochet !
Pleure, ô ma Velléda ! pleure tes solitudes,
Ton silence, ta paix, tes goûts, tes habitudes,
Ce parfum du pays qui sort des arbres verts,
Et qui t’apporte ici l’air libre des déserts !
Mais tu pleurais déjà, fille de ma patrie !
On t’avait déjà prise à ton ombre chérie,
Afin de t’exposer, ô vierge des forêts !
Chaste et nue, aux regards ; vestale, aux indiscrets !
On ne respecte rien dans ces siècles étranges ;
Pas même le secret et le voile des anges !
Et moi seule j’ai vu que la pierre a pleuré,
Ton voile de pudeur à présent déchiré !



Mais moi, je crois encore à l’âme des statues ;
Je crois, je crois toujours au réveil des Memnons !
J’ai surtout le respect des grandeurs abattues :
J’aime les Luxembourgs comme les Panthéons !

Mais moi, je suis de ceux dont la mémoire veille ;
Je conserve au présent les dates du passé ;
Aigle, je soutiendrais le nid de la corneille ;
Ma force empêcherait qu’il ne fût renversé !