Page:Pensées de Gustave Flaubert 1915.djvu/108

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de tout sans rien connaître, fatigué de traîner sa casaque sans avoir lu Werther ni René, et il n’y a pas besoin d’être reçu bachelier pour se brûler la cervelle.

Oh ! que la forme humaine est belle quand elle apparaît dans sa liberté native, telle qu’elle fut créée au premier jour du monde.

Le cœur, comme l’estomac, veut des nourritures variées.

Ce qu’on demande aujourd’hui, n’est-ce pas plutôt tout le contraire du nu, du simple et du vrai ? Fortune et succès à ceux qui savent revêtir et habiller les choses ! Le tailleur est le roi du siècle, la feuille de vigne en est le symbole ; lois, arts, politique, caleçon partout ! Libertés menteuses, meubles plaqués, peinture à la détrempe, le public aime ça. Donnez-lui-en, fourrez-lui-en, gorgez cet imbécile !

Ce n’est pas de sacrifices que le cœur a faim, mais de confidences.