Page:Pensées de Gustave Flaubert 1915.djvu/109

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Il me semble que Michel-Ange est quelque chose d’inouï, comme serait un Homère shakespearien, un mélange d’antique et de moyen âge, je ne sais quoi.

Dans les confidences les plus intimes, il y a toujours quelque chose que l’on ne dit pas.

Dieu sait le commencement et la fin de l’homme ; le milieu, l’art, comme lui dans l’espace, doit rester suspendu dans l’infini, complet en lui-même, indépendant de son producteur.

Pour avoir du talent il faut être convaincu qu’on en possède, et pour garder sa conscience pure, la mettre au-dessus de celles de tous les autres. Le moyen de vivre avec sérénité et au grand air, c’est de se fixer sur une pyramide quelconque, n’importe laquelle, pourvu qu’elle soit élevée et la base solide. Ah ! ce n’est pas toujours amusant et l’on est tout seul, mais on se console en crachant d’en haut.