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Page:Pensées de Gustave Flaubert 1915.djvu/61

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tagnes en aient vingt mille et qu’est-ce donc que l’idéal si ce n’est ce grossissement-là ?

L’artiste doit tout élever, il est comme une pompe, il a en lui un grand tuyau qui descend aux entrailles des choses, dans les couches profondes, il aspire et fait jaillir au soleil en gerbes géantes ce qui était plat sous terre et ce qu’on ne voyait pas.

On ne se lasse point de ce qui est bien écrit, le style c’est la vie ! c’est le sang même de la pensée !

L’idéal n’est fécond que lorsqu’on y fait tout rentrer. C’est un travail d’amour et non d’exclusion. Voilà deux siècles que la France marche suffisamment dans cette voie de négation ascendante ; on a de plus en plus diminué des livres la nature, la franchise, le caprice, la personnalité, et même l’érudition comme étant grossière, immorale, bizarre, pédantesque, et dans les mœurs on a pourchassé, honni et